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FRAGOSO.

Rien ne pouvait donc plus sauver Joam Dacosta. C’était non seulement la vie, mais l’honneur qu’il allait perdre.

Or, ce 31 août, dès le matin, un homme accourait vers Manao de toute la vitesse de son cheval, et telle avait été la rapidité de sa course, qu’à un demi-mille de la ville la courageuse bête tombait, incapable de se porter plus avant.

Le cavalier n’essaya même pas de relever sa monture. Évidemment il lui avait demandé et il avait obtenu d’elle plus que le possible, et, malgré l’état d’épuisement où il se trouvait lui-même, il s’élança dans la direction de la ville.

Cet homme venait des provinces de l’est en suivant la rive gauche du fleuve. Toutes ses économies avaient été employées à l’achat de ce cheval, qui, plus rapide que ne l’eût été une pirogue obligée de remonter le courant de l’Amazone, venait de le ramener à Manao.

C’était Fragoso.

Le courageux garçon avait-il donc réussi dans cette entreprise dont il n’avait parlé à personne ? Avait-il retrouvé la milice à laquelle appartenait Torrès ? Avait-il découvert quelque secret qui pouvait encore sauver Joam Dacosta ?

Il ne savait pas au juste ; mais, en tout cas il