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LA JANGADA

blables aux chaloupes de quelque monstrueux vaisseau de guerre.

Enfin apparut sur la gauche Santa-Maria de Bélem do Para, la « ville », comme on dit dans le pays, avec les pittoresques rangées de ses maisons blanches à plusieurs étages, ses couvents enfouis sous les palmiers, les clochers de sa cathédrale et de Nostra-Señora de Merced, la flottille de ses goélettes, bricks et trois-mâts, qui la relient commercialement avec l’ancien monde.

Le cœur des passagers de la jangada leur battait fort. Ils touchaient enfin au terme de ce voyage qu’ils avaient cru ne pouvoir plus atteindre. Lorsque l’arrestation de Joam Dacosta les retenait encore à Manao, c’est-à-dire à mi-chemin de leur itinéraire, pouvaient-ils espérer de jamais voir la capitale de cette province du Para ?

Ce fut dans cette journée du 15 octobre, — quatre mois et demi après avoir quitté la fazenda d’Iquitos, — que Bélem leur apparut à un brusque tournant du fleuve.

L’arrivée de la jangada était signalée depuis plusieurs jours. Toute la ville connaissait l’histoire de Joam Dacosta. On l’attendait, cet honnête homme ! On réservait le plus sympathique accueil aux siens et à lui !