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Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/230

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LE BAS-AMAZONE.

Aussi des centaines d’embarcations vinrent-elles au-devant du fazender, et bientôt la jangada fut envahie par tous ceux qui voulaient fêter le retour de leur compatriote, après un si long exil. Des milliers de curieux, — il serait plus juste de dire des milliers d’amis, — se pressaient sur le village flottant, bien avant qu’il eût atteint son poste d’amarrage ; mais il était assez vaste et assez solide pour porter toute une population.

Et parmi ceux qui s’empressaient ainsi, une des premières pirogues avait amené madame Valdez. La mère de Manoel pouvait enfin presser dans ses bras la nouvelle fille que son fils lui avait choisie. Si la bonne dame n’avait pu se rendre à Iquitos, n’était-ce pas comme un morceau de la fazenda que l’Amazone lui apportait avec sa nouvelle famille ?

Avant le soir, le pilote Araujo avait solidement amarré la jangada au fond d’une anse, derrière la pointe de l’arsenal. Là devait être son dernier lieu de mouillage, sa dernière halte, après huit cents lieues de dérive sur la grande artère brésilienne. Là, les carbets des Indiens, les cases des noirs, les magasins qui renfermaient une cargaison précieuse, seraient peu à peu démolis ; puis l’habitation principale, enfouie sous sa verdoyante tapisserie de feuillage et de fleurs, disparaîtrait à son tour ; puis,