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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

sons, les cigognes immobiles nous regardent passer sans crainte, s’enlèvent ensuite d’un vol rapide et vont se percher sur la cime des arbres ou sur le petit triangle vert qui s’écartèle au pignon des fermes.

Partis de Rendsburg à huit heures du matin, le 17 juin, après avoir passé devant le grand établissement pénitentiaire bâti en amont de la ville, nous arrivons à la rade de Kiel à cinq heures du soir. Nous avions dû franchir six écluses, deux ponts tournants de chemin de fer et quatre ou cinq ponts ordinaires à bascule. Ceux-ci sont d’une simplicité remarquable : deux hommes, un sur chaque rive, suffisent pour les manœuvrer en quelques secondes à l’aide d’un système de contrepoids bien compris.

Et que fait-on pendant que le yacht s’abaisse ou remonte avec les eaux du sas, suivant qu’il est d’un côté ou de l’autre du bief supérieur ? On se promène sur les chemins de halage, entretenus comme les allées d’un parc ; on s’y couche sous des ombrages si épais, que le soleil ne peut les percer. De jolies auberges, bâties à l’angle du chemin de halage, vous offrent leurs tables de bois peint sur lesquelles écume une bière excellente. Tout cela est gai, vif, propre, enchanteur.

Maintenant, comment, avec des écluses aussi justes pour le Saint-Michel, a-t-on pu faire passer la