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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

on avait bien parlé d’une comète, mais les astronomes avaient eu soin de prévenir l’humble foule des mortels qu’ils ne la verraient pas dans notre hémisphère. Était-ce donc un nouvel astre, ou la comète déjà signalée s’était-elle moquée des affirmations de nos savants ?

Quoi qu’il en soit, nous admirions depuis quelques minutes sa forme élégante et la gracieuse courbure de sa queue, à travers laquelle on distinguait les étoiles, quand, soudain, un bruit formidable, celui d’une charrette lourdement chargée, enfin quelque chose d’effrayant, se fît entendre ! Une espèce d’avalanche semblait se précipiter sur le pont du yacht !

J’allais, je crois, crier : « Sauve qui peut ! », lorsque j’eus l’explication de ce phénomène singulier.

C’était tout simplement Thomas Pearkop qui accourait en rugissant : The comet ! the comet ! What a fine comet !

« Trop tard ! lui répondons-nous en gens heureux de prendre notre revanche, trop tard, beaucoup trop tard pour un « gentleman » qui possède d’aussi bons yeux et une si excellente lorgnette ! Pendez-vous, brave Pearkop, nous avons vu la comète avant vous ! »

Il ne se pendit pas, mais il s’en alla piteusement, l’oreille basse, légèrement vexé de nos plaisanteries.