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Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/299

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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

cit. Un rayon de soleil perce les nuages et vient frapper les uniformes étincelants des officiers danois de l’escorte.

La tente de pourpre, recouvrant l’arrière du canot royal, paraît toute illuminée de reflets dorés, et les personnages qu’elle abrite semblent entourés d’une brillante auréole.

Par un contraste saisissant, les coques des vaisseaux anglais, massives et sombres, montrent à chaque sabord leurs puissantes pièces d’artillerie, terribles instruments de destruction ; mais, comme pour faire oublier cette note lugubre, les flammes et les pavillons de toutes les couleurs flottent dans un pêle-mêle chatoyant jusqu’à la pomme des mâts, et, se déroulant à la brise, jettent sur ce tableau grandiose la note gaie des jours de fête.

Mais, attention ! au coup de sifflet, les matelots anglais se sont rapidement répandus sur les vergues. Une sonnerie de clairon retentit. Les hip ! hip ! hip ! hurrah ! éclatent, stridents, poussés par les solides poitrines de John Bull, Une seconde sonnerie… et la salve commence.

En un instant, le Saint-Michel est enveloppé de fumée. Au calme qui régnait succède le vacarme le plus effroyable. Malgré les détonations de l’artillerie, les hip ! hip ! hip ! perçants des matelots an-