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LA JANGADA

convaincu, mais plus touché, et il se jura de tout faire pour arriver à la réhabilitation du condamné de Tijuco.

Pendant six mois, il y eut échange de correspondance entre ces deux hommes.

Un jour, enfin, les circonstances pressant, Joam Dacosta écrivit au juge Ribeiro :

« Dans deux mois, je serai près de vous, à la disposition du premier magistrat de la province !

— Venez donc ! » répondit Ribeiro.

La jangada était prête alors à descendre le fleuve. Joam Dacosta s’y embarqua avec tous les siens, femmes, enfants, serviteurs. Pendant le voyage, au grand étonnement de sa femme et de son fils, on le sait, il ne débarqua que rarement. Le plus souvent, il restait enfermé dans sa chambre, écrivant, travaillant, non à des comptes de commerce, mais, sans en rien dire, à cette sorte de mémoire qu’il appelait : « Histoire de ma vie, » et qui devait servir à la révision de son procès.

Huit jours avant sa nouvelle arrestation, faite sur la dénonciation de Torrès, qui allait devancer et peut-être anéantir ses projets, il confiait à un Indien de l’Amazone une lettre par laquelle il prévenait le juge Ribeiro de sa prochaine arrivée.

Cette lettre partit, elle fut remise à son adresse,