Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

49
LE DERNIER COUP.

— Lequel ?

À vous aussi, Fragoso.

— Je suis à vos ordres, monsieur Benito, répondit le barbier.

— De quoi s’agit-il ? demanda Manoel, en observant son ami, dont l’attitude était celle d’un homme qui a pris une inébranlable résolution.

— Vous croyez toujours à l’innocence de mon père, n’est-ce pas ? dit Benito.

— Ah ! s’écria Fragoso, je croirais plutôt que c’est moi qui ai commis le crime !

— Eh bien, il faut aujourd’hui même mettre à exécution le projet que j’avais formé hier.

— Retrouver Torrès ? demanda Manoel.

— Oui, et savoir de lui comment il a découvert la retraite de mon père ! Il y a dans tout cela d’inexplicables choses ! L’a-t-il connu autrefois ? je ne puis le comprendre, puisque mon père n’a pas quitté Iquitos depuis plus de vingt ans, et que ce misérable en a trente à peine ! Mais la journée ne s’achèvera pas avant que je le sache, ou malheur à Torrès ! »

La résolution de Benito n’admettait aucune discussion. Aussi, ni Manoel, ni Fragoso n’eurent-ils la pensée de le détourner de son projet.

« Je vous demande donc, reprit Benito, de m’accompagner tous les deux. Nous allons partir à l’in-