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Page:Verne - La Jangada, 1881, t2.djvu/80

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PREMIÈRES RECHERCHES.

Une pointe de la rive, se dessinant à une cinquantaine de pieds en aval, retenait les eaux immobiles dans une sorte de remous, comme dans une large cuvette. Nul courant ne se propageait au pied de la grève, et les roseaux s’y maintenaient normalement dans une rigidité absolue, On pouvait donc espérer que le corps de Torrès n’avait pas été entraîné en pleine eau. D’ailleurs, au cas où le lit du fleuve aurait accusé une déclivité suffisante, tout au plus aurait-il pu glisser à quelques toises du talus, et là encore aucun fil de courant ne se faisait sentir.

Les ubas et les pirogues, se divisant la besogne, limitèrent donc le champ des recherches à l’extrême périmètre du remous, et, de la circonférence au centre, les longues gaffes de l’équipe n’en laissèrent pas un seul point inexploré.

Mais aucun sondage ne permit de retrouver le corps de l’aventurier, ni dans le fouillis des roseaux ni sur le fond du lit, dont la pente fut alors étudiée avec soin.

Deux heures après le commencement de ce travail, on fut amené à reconnaître que le corps, ayant sans doute heurté le talus, avait dû tomber obliquement, et rouler, hors des limites de ce remous, où l’action du courant commençait à se faire sentir.