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PREMIÈRES RECHERCHES.

et plus d’un train de bois s’y était trouvé en détresse.

Donc, Araujo avait raison de dire que, si le corps de Torrès était encore maintenu par sa pesanteur spécifique sur le fond sablonneux du lit, il ne pouvait avoir été entraîné au delà du barrage. Il est vrai que plus tard, lorsque, par suite de l’expansion des gaz, il remonterait à la surface, nul doute qu’il ne prît alors le fil du courant et n’allai irrémédiablement se perdre, en aval, hors de la passe. Mais cet effet purement physique ne devait pas se produire avant quelques jours.

On ne pouvait s’en rapporter à un homme plus habile et connaissant mieux ces parages que le pilote Araujo. Or, puisqu’il affirmait que le corps de Torrès ne pouvait avoir été entraîné au delà de l’étroit chenal, sur l’espace d’un mille au plus, en fouillant toute cette portion du fleuve, on devait nécessairement le retrouver.

Aucune île, d’ailleurs, aucun îlot, ne rompait en cet endroit le cours de l’Amazone. De là cette conséquence que, lorsque la base des deux berges du fleuve aurait été visitée jusqu’au barrage, ce serait dans le lit même, large de cinq cents pieds, qu’il conviendrait de procéder aux plus minutieuses investigations.