— C’est que probablement, répondit Banks, cet éléphant est plus puissant que tous ceux dont le défunt rajah faisait usage.
— Oh ! fit Gourou Singh, en avançant dédaigneusement la bouche, plus puissant !…
— Infiniment plus ! répondit Banks.
— Pas un des vôtres, dit alors le capitaine Hod, à qui ces façons déplaisaient souverainement, pas un des vôtres ne serait capable de lui faire bouger une patte, à cet éléphant-là, s’il ne le voulait pas.
— Vous dites ?… fit le prince.
— Mon ami affirme, répliqua l’ingénieur, et j’affirme après lui, que cet animal artificiel pourrait résister à la traction de dix couples de chevaux, et que vos trois éléphants, attelés ensemble, ne parviendraient pas à le faire reculer d’une semelle !
— Je n’en crois absolument rien, répondit le prince.
— Vous avez tort de n’en croire absolument rien, répondit le capitaine Hod.
— Et lorsque Votre Hautesse voudra y mettre le prix, ajouta Banks, je m’engage à lui en fournir un qui aura la force de vingt éléphants choisis parmi les meilleurs de ses écuries !
— Cela se dit, répliqua très sèchement Gourou Singh.
— Et cela se fait, » répondit Banks.
Le prince commençait à s’animer. On voyait qu’il ne supportait pas facilement la contradiction.
« On pourrait faire l’expérience ici même, dit-il, après un instant de réflexion.
— On le peut, répondit l’ingénieur.
— Et même, ajouta le prince Gourou Singh, faire de cette expérience l’objet d’un pari considérable, — à moins que vous ne reculiez devant la crainte de le perdre, comme reculerait votre éléphant, sans doute, s’il avait à lutter avec les miens !
— Géant d’Acier, reculer ! s’écria le capitaine Hod. Qui ose prétendre que Géant d’Acier reculerait ?
— Moi, répondit Gourou Singh.
— Et que parierait Votre Hautesse ? demanda l’ingénieur, en se croisant les bras.
— Quatre mille roupies, répondit le prince, si vous aviez quatre mille roupies à perdre ! »