Une fois à terre, il vous serait facile d’atteindre la station de Jubbulpore et d’en amener les secours dont nous avons besoin.
— Je suis prêt à partir ! » répondit simplement Kâlagani.
J’attendais que le colonel Munro remerciât notre guide, qui s’offrait à remplir une tâche assez périlleuse, en somme ; mais, après l’avoir regardé avec une attention plus soutenue encore, il appela Goûmi.
Goûmi parut aussitôt.
« Goûmi, dit sir Edward Munro, tu es un excellent nageur ?
— Oui, mon colonel.
— Un mille et demi à faire, cette nuit, sur ces eaux calmes du lac, ne t’embarrasseraient pas ?
— Ni un mille, ni deux.
— Eh bien, reprit le colonel Munro, voici Kâlagani qui s’offre pour gagner à la nage la rive la plus rapprochée de Jubbulpore. Or, aussi bien sur le lac que dans cette partie du Bundelkund, deux hommes intelligents et hardis, pouvant se porter assistance, ont plus de chance de réussir. — Veux-tu accompagner Kâlagani ?
— À l’instant, mon colonel, répondit Goûmi.
— Je n’ai besoin de personne, répondit Kâlagani, mais si le colonel Munro y tient, j’accepte volontiers Goûmi pour compagnon.
— Allez donc, mes amis, dit Banks, et soyez aussi prudents que vous êtes courageux ! »
Cela convenu, le colonel Munro, prenant Goûmi à l’écart, lui fit quelques recommandations, brièvement formulées. Cinq minutes après, les deux Indous, un paquet de vêtements sur leur tête, se laissaient glisser dans les eaux du lac. Le brouillard était très intense alors, et quelques brasses suffirent à les mettre hors de vue.
Je demandai alors au colonel Munro pourquoi il avait paru si désireux d’adjoindre un compagnon à Kâlagani.
« Mes amis, répondit sir Edward Munro, les réponses de cet Indou, dont je n’avais jamais suspecté jusqu’ici la fidélité, ne m’ont pas paru être franches !
— J’ai éprouvé la même impression, dis-je.
— Pour mon compte, je n’ai rien remarqué… fit observer l’ingénieur.
— Écoute, Banks, reprit le colonel Munro. En nous offrant de se rendre à terre, Kâlagani avait une arrière-pensée.