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Page:Verne - Le Beau Danube Jaune.djvu/73

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que sa situation en ce point du Danube destinait à être telle. On l’a entourée de fortifications dont le canon moderne aurait peut-être plus facilement raison que ne le pense le gouvernement autrichien, et bien qu’elle soit protégée par trente-deux tours massives, qui peuvent croiser leurs feux — vingt-trois sur la rive droite, neuf sur la rive gauche. C’est en somme, une sorte de vaste camp retranché que commande la puissante citadelle du Pöstlingberg. Quant aux monuments, ce n’est point les collines qui manquaient pour les placer dans des sites pittoresques, puisque la ville s’étage sur cinq ou six, et ce n’est point le miroir qui leur eût fait défaut pour s’y réfléchir, puisque le fleuve, semé d’îles, traversé d’un pont de bois, s’arrondit à ses pieds comme un lac calme et limpide. Mais, en dehors du vieux château royal, aux murs de briques rouges, destiné à devenir un jour caserne et prison, les richesses architecturales sont rares à Lintz.

Lintz n’est pas commerçante, et, lorsqu’il voyageait pour le compte de la maison de Pest, M. Jaeger y faisait peu d’affaires sans doute. Dans tous les cas, il ne songea même pas à terminer sa soirée dans un des cafés de la ville, et se promena sur la berge jusqu’à l’heure du coucher.

Le lendemain, à peine s’il faisait jour lorsque l’embarcation se détacha de la rive pour prendre le fil du courant, et, tandis que M. Jaeger restait étendu sous le tôt, Ilia Krusch, sa ligne à la main, se maintenait le long de la berge.

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