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II

Qu’il s’agisse de roches entassées par la nature aux époques géologiques, après les dernières convulsions du sol, ou de constructions dues à la main de l’homme, sur lesquelles a passé le souffle du temps, l’aspect est à peu près semblable, lorsqu’on les observe à quelques milles de distance. Ce qui est pierre brute et ce qui a été pierre travaillée, tout cela se confond aisément. De loin, même couleur, mêmes linéaments, mêmes déviations des lignes dans la perspective, même uniformité de teinte sous la patine grisâtre des siècles.

Il en était ainsi du burg, — autrement dit du château des Carpathes. En reconnaître les formes indécises sur ce plateau d’Orgall, qu’il couronne à la gauche du col de Vulkan, n’eût pas été possible. Il ne se détache point en relief de l’arrière-plan des montagnes. Ce que l’on est tenté de prendre pour un donjon n’est peut-être qu’un morne pierreux. Qui le regarde croit apercevoir les créneaux d’une courtine, où il n’y a peut-être qu’une crête rocheuse. Cet ensemble est vague, flottant, incertain. Aussi, à en croire divers touristes, le château des Carpathes n’existe-t-il que dans l’imagination des gens du comitat.

Évidemment, le moyen le plus simple de s’en assurer serait de faire prix avec un guide de Vulkan ou de Werst, de remonter le défilé, de gravir la croupe, de visiter l’ensemble de ces constructions. Seu-