que le vent n’avait jamais balayées. Des myriades de cosses éclataient comme des pois fulminants, au grand effroi du docteur, qui sursautait à cette pétarade, regardant à droite et à gauche, se retournant avec épouvante, lorsque quelque sarment s’accrochait à sa veste, comme une griffe qui eût voulu le retenir. Non ! il n’était point rassuré, le pauvre homme. Mais, maintenant, il n’eût as osé revenir seul en arrière, et il s’efforçait de ne point se laisser distancer par son intraitable compagnon.
Parfois dans la forêt apparaissaient de capricieuses éclaircies. Une averse de lumière y pénétrait. Des couples de cigognes noires, troublées dans leur solitude, s’échappaient des hautes ramures et filaient à grands coups d’aile. La traversée de ces clairières rendait la marche plus fatigante encore. Là, en effet, s’étaient entassés, énorme jeu de jonchets, les arbres abattus par l’orage ou tombés de vieillesse, comme si la hache du bûcheron leur eût donné le coup de mort. Là gisaient d’énormes troncs, rongés de pourriture, que jamais outil ne devait débiter en billes, que jamais charroi ne devait entraîner jusqu’au lit de la Sil valaque. Devant ces obstacles, rudes à franchir, parfois impossibles à tourner, Nic Deck et son compagnon avaient fort à faire. Si le jeune forestier, agile, souple, vigoureux, parvenait à s’en tirer, le docteur Patak, avec ses jambes courtes, son ventre bedonnant, essoufflé, époumoné, ne pouvait éviter des chutes, qui obligeaient à lui venir en aide.
« Tu verras, Nic, que je finirai par me casser quelque membre ! répétait-il.
— Vous le raccommoderez.
— Allons, forestier, sois raisonnable… Il ne faut pas s’acharner contre l’impossible ! »
Bah ! Nic Deck était déjà en avant, et le docteur, n’obtenant rien, se hâtait de le rejoindre.
La direction suivie jusqu’alors, était-ce bien celle qui convenait pour arriver en face du burg ? Il eût été malaisé de s’en rendre compte. Cependant, puisque le sol ne cessait de monter, il y avait lieu de