Page:Verne - Le Chemin de France, Hetzel, 1887.djvu/188

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— Il ne nous échappera pas !

— Mais rien des mille florins aux Autrichiens !…

— Non !… non !… camarades !… »

Je sentais la main de M. Jean qui serrait plus fortement la mienne.

« La voix de Buch ! murmura-t-il à mon oreille.

— Les gueux ! répondis-je. Ils sont là cinq ou six peut-être !… Ne les attendons pas !… »

Et voilà que nous glissons hors du fourré en rampant au milieu des herbes.

Tout à coup, un bruit de branche brisée nous trahit. Presque aussitôt, un coup de feu illumina le sous-bois. Nous avions été aperçus.

« Venez, monsieur Jean, venez ! m’écriai-je.

— Pas avant d’avoir cassé la tête à l’un de ces misérables ! »

Et il déchargea son pistolet dans la direction du groupe qui se précipitait vers nous.

Je crois bien que l’un de ces chenapans tomba. Mais j’avais autre chose à faire que de m’en assurer.

Nous courions de toute la vitesse de nos jambes. Je sentais Buch et ses camarades à nos chausses. Nous étions à bout de forces !

Un quart d’heure après, la bande tomba sur nous. Ils étaient là une demi-douzaine d’hommes armés.

En un instant, ils nous eurent terrassés, liés par les mains, poussés en avant, sans épargner les coups.

Une heure après, nous étions entre les mains des Autrichiens, établis à Longwé, puis enfermés et gardés à vue dans une maison du village.