Page:Verne - Le Chemin de France, Hetzel, 1887.djvu/208

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était très sévère. Et elle se montra telle, en effet, contre les volontaires venus de Châlons, qui, pour la plupart, ne valaient pas la corde pour les pendre.

Cependant Kellermann, après l’abandon du camp de Grand-Pré, avait fait un mouvement de recul. Aussi, le 19, était-il encore à deux lieues de Sainte-Menehould, quand Beurnonville s’y trouvait déjà avec neuf mille hommes de l’armée auxiliaire du camp de Maulde.

Dans la pensée de Dumouriez, Kellermann devait s’établir sur les hauteurs de Gizaucourt, qui dominent celles de la Lune, vers lesquelles se dirigeaient les Prussiens. Mais l’ordre ayant été mal compris, ce fut le plateau de Valmy que vint occuper Kellermann avec le général Valence et le duc de Chartres, lequel, à la tête de douze bataillons d’infanterie et de douze escadrons d’artillerie, se distingua particulièrement dans cette bataille.

Entre temps, Brunswick arrivait avec l’espoir de couper la route de Châlons et de repousser Dillon hors du défilé des Islettes. Sainte-Menehould une fois entourée par quatre-vingt mille hommes, auxquels s’était jointe la cavalerie des émigrés, force serait bientôt à Dumouriez et à Kellermann de se rendre.

Et cela était à craindre, puisque les hauteurs de Gizaucourt n’étaient pas au pouvoir des Français, comme l’avait voulu Dumouriez. En effet, si les Prussiens, déjà maîtres des collines de la Lune, s’emparaient des collines de Gizaucourt, leur artillerie pourrait foudroyer toutes les positions françaises.

C’est bien ce que comprit le roi de Prusse. C’est pourquoi, au lieu de se porter sur Châlons, malgré l’avis de Brunswick, donna-t-il l’ordre d’attaquer, espérant jeter Dumouriez et Kellermann dans les fondrières de Sainte-Menehould.

Vers onze heures et demie du matin, les Prussiens commencèrent à descendre les collines de la Lune, en bel ordre, et ils s’arrêtèrent à mi-côte.

C’est à ce moment, c’est-à-dire au début de la bataille, qu’une