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Page:Verne - Le Docteur Ox.djvu/205

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au mont blanc.


Vue des séracs, côté des Grands Mulets. (Page 196.)



nord-est, parallèlement à celle du mont Blanc, et forme avec elle la vallée assez étroite de Chamonix. Le Brevent, par sa position centrale juste en face du glacier des Bossons, permet de suivre pendant presque tout leur trajet les caravanes qui entreprennent l’ascension du géant des Alpes. Aussi est-il très fréquenté.

Nous partîmes vers sept heures du matin. Chemin faisant, je songeais aux paroles ambiguës du guide-chef ; elles me tracassaient un peu. Aussi, m’adressant à Ravanel :

« Avez vous fait l’ascension du mont Blanc ? lui demandai-je.

— Oui, monsieur, me répondit-il, une fois, et c’est assez. Je ne me soucie nullement d’y retourner.

— Diable ! dis-je, et moi qui compte l’essayer !

— Vous êtes libre, monsieur, mais je ne vous accompagnerai pas. La montagne n’est pas bonne cette année. On a fait déjà plusieurs tentatives ; deux seulement ont réussi. Pour la seconde, ils s’y sont repris à deux fois. Au reste, l’accident de l’an dernier a un peu refroidi les amateurs.

— Un accident ! Lequel donc ?

— Ah ! monsieur l’ignore ? Voici la chose. Une caravane, composée de dix guides et porteurs et de deux Anglais, est partie vers la mi-septembre pour le mont Blanc. On l’a vue arriver au sommet, puis, quelques minutes après, elle a disparu dans un nuage. Quand le nuage fut dissipé, on ne vit plus personne. Les deux voyageurs avec sept guides et porteurs avaient été enlevés par le vent et précipités du côté de Courmayeur, sans doute dans le glacier de la Brenva.