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Page:Verne - Le Pays des fourrures.djvu/383

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la mer de behring.

lueur d’espoir ? En tout cas, le grenier semblait devoir résister, et il était probable que deux blocs de glace, s’arc-boutant au-dessus du faîte, l’avaient sauvé d’un écrasement immédiat.

Pendant qu’ils étaient emprisonnés dans ce grenier, ils entendaient au-dessus d’eux les énormes débris de l’avalanche qui tombaient sans cesse. Au-dessous, l’eau montait toujours. Écrasés ou noyés !

Mais par un miracle, on peut le dire, le toit de la maison, supporté sur ses solides fermes, résista, et la maison elle-même, après s’être enfoncée à une certaine profondeur, s’arrêta, mais alors l’eau dépassait d’un pied le niveau du grenier.

Mrs. Paulina Barnett, Madge, Kalumah, Thomas Black, avaient dû se réfugier jusque dans l’entrecroisement des fermes. C’est là qu’ils restèrent pendant tant d’heures. La dévouée Kalumah s’était faite la servante de tous, et portait à travers la nappe d’eau la nourriture à l’un et à l’autre. Il n’y avait rien à tenter pour le salut ! Le secours ne pouvait venir que du dehors !

Situation épouvantable. La respiration était douloureuse dans cet air comprimé, qui, bientôt désoxygéné et chargé d’acide carbonique, devint à peu près irrespirable… Quelques heures encore d’emprisonnement dans cet étroit espace, et le lieutenant Hobson n’eût plus trouvé que les cadavres des victimes !

En outre, aux tortures physiques s’étaient jointes les tortures morales. Mrs. Paulina Barnett avait à peu près compris ce qui s’était passé. Elle avait deviné que la banquise s’était jetée sur l’île, et aux bouillonnements de l’eau qui grondait sous la maison, elle sentait bien que l’île dérivait irrésistiblement vers le sud. Et voilà pourquoi, dès que ses yeux se rouvrirent, elle regarda autour d’elle, et prononça ces mots, que la destruction de la chaloupe rendait si terribles en cette circonstance :

« La mer ! la mer ! »

Mais, en ce moment, tous ceux qui l’entouraient ne voulaient voir, ne voulaient comprendre qu’une chose, c’est qu’ils avaient sauvé celle pour laquelle ils eussent donné leur vie, et, avec elle, Madge, Thomas Black, Kalumah. Enfin, et jusqu’alors, malgré tant d’épreuves, tant de dangers, pas un de ceux que le lieutenant Jasper Hobson avait emmenés dans cette désastreuse expédition ne manquait encore à l’appel.

Mais les circonstances allaient devenir plus graves que jamais et hâter sans nul doute la catastrophe finale dont le dénouement ne pouvait être éloigné.

Le premier soin du lieutenant Hobson, pendant cette journée, fut de relever la situation de l’île. Il ne fallait plus songer à la quitter, puisque