projeté par la main de l’astronome, le dégel s’arrêtait, les fentes se raccordaient, la congélation se refaisait !
« Hurrah ! hurrah ! » s’écrièrent tous ces infortunés.
C’était un travail fatigant que la manœuvre des pompes, mais les bras ne manquaient pas ! On se relayait. Les arêtes du glaçon se revivifiaient comme si elles étaient soumises à un froid excessif.
« Vous nous sauvez, monsieur Black ! dit Jasper Hobson.
— Mais rien de plus naturel ! » répondit simplement l’astronome.
Rien n’était plus naturel, en effet, et voici l’effet physique qui se produisait en ce moment.
La recongélation du glaçon se refaisait pour deux motifs : d’abord parce que sous la pression de l’air, l’eau, en se volatilisant à la surface du glaçon, produisait un froid rigoureux ; et ensuite parce que cet air comprimé empruntait, pour se détendre, sa chaleur à la surface dégelée. Partout où une fracture se produisait, le froid, provoqué par la détente de l’air, en cimentait les bords, et, grâce à ce moyen suprême, le glaçon reprenait peu à peu sa solidité première.
Et ce fut ainsi pendant plusieurs heures. Les naufragés, remplis d’un immense espoir, travaillaient avec une ardeur que rien n’eût arrêtée !
On approchait de terre.
Quand on ne fut plus qu’à un quart de mille de la côte, l’ours se jeta à la nage, et il atteignit bientôt le rivage et disparut.
Quelques instants après, le glaçon s’échouait sur une grève. Les quelques animaux qui l’occupaient encore prenaient la fuite. Puis les naufragés débarquaient, tombaient à genoux et remerciaient le Ciel de leur miraculeuse délivrance.
CHAPITRE XXIV.
conclusion.
C’était à l’extrémité de la mer de Behring, sur la dernière des Aléoutiennes, l’île Blejinic, que tout le personnel du fort Espérance avait pris terre, après avoir franchi plus de dix-huit cents milles depuis la débâcle des glaces ! Des pêcheurs aléoutiens, accourus à leur secours, les accueillirent hospitalièrement. Bientôt même, le lieutenant Hobson et les siens fu-