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LE PILOTE DU DANUBE.

— Dans ce cas !…

— Mais je reconnais parfaitement le bateau, interrompit Titcha, j’ai eu tout le loisir de l’examiner, pendant que Ladko et moi nous étions noyés dans la foule. Je suis certain de ne pas me tromper.

— En route, alors ! fit l’un des hommes.

— En route », approuva Titcha, en dépliant un paquet qu’il tenait sous son bras.

Le pilote continuait à ne pas se douter de la surveillance dont il était l’objet. Il n’avait pas entendu les trois hommes arriver ; il ne les entendit pas davantage, lorsqu’ils s’approchèrent en étouffant le bruit de leurs pas dans l’herbe épaisse de la rive. Perdu dans son rêve, il laissait sa pensée fuir avec le courant vers Natcha et vers le pays.

Tout à coup une multitude d’inextricables liens s’enroulèrent à la fois autour de lui, l’aveuglant, le paralysant, l’étouffant.

Redressé d’une secousse, il se débattait instinctivement et s’épuisait en vains efforts, quand un choc violent sur le crâne le jeta tout étourdi dans le fond de la barge. Pas si vite, cependant, qu’il n’ait eu le temps de se voir prisonnier des mailles de l’un de ces vastes filets désignés sous le nom d’éperviers, dont lui-même avait usé plus d’une fois pour capturer le poisson.

Lorsque Serge Ladko sortit de ce demi-évanouissement, il n’était plus enveloppé du filet à l’aide duquel on l’avait réduit à