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LE PASSAGER D’ILIA BRUSCH.

— Ce que pourra rapporter ma pêche ?

— Oui. J’entends ce que vous en vendrez, sans tenir compte de ce que vous consommerez personnellement.

— Peut-être une centaine de florins.

— Je vous en offre cinq cents.

— Cinq cents florins ! répéta Ilia Brusch abasourdi.

— Oui, cinq cents florins payés comptant et d’avance.

Ilia Brusch regarda l’auteur de cette singulière proposition, et son regard devait être très éloquent, car celui-ci répondit à la pensée que le pêcheur n’exprimait pas.

— Soyez tranquille, monsieur Brusch. J’ai tout mon bon sens.

— Alors, quel est votre but ? demanda le lauréat mal convaincu.

— Je vous l’ai dit, expliqua l’inconnu. Je désire m’intéresser à vos prouesses, y assister même. Et puis, il y a aussi l’émotion du joueur. Après avoir mis sur votre chance cinq cents florins, cela m’amusera de voir la somme rentrer par fractions tous les soirs, au fur et à mesure de vos ventes.

— Tous les soirs ? insista Ilia Brusch. Vous auriez donc l’intention de vous embarquer avec moi ?

— Certainement, dit l’inconnu. Bien entendu, mon passage ne serait pas compris dans nos conventions et serait payé par une égale somme de cinq cents florins, ce qui fera mille florins au total, toujours comptant et d’avance.