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Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/95

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LES YEUX BLEUS.

à payer les services d’un cicérone. Il n’en avait pas besoin, et c’est sans le secours de personne qu’il se rendit au Bureau des Postes, où plusieurs lettres l’attendaient à des initiales convenues. Karl Dragoch, ayant lu ces lettres, sans que son visage décelât aucun sentiment, se disposait à sortir du bureau, lorsqu’un homme assez vulgairement vêtu l’accosta sur la porte.

Cet homme et Dragoch se connaissaient, car celui-ci d’un geste arrêta le nouveau venu au moment où il allait prendre la parole. Ce geste signifiait évidemment : « Pas ici. » Tous deux se dirigèrent vers une place voisine.

« Pourquoi ne m’as-tu pas attendu sur le bord du fleuve ? demanda Karl Dragoch, quand il s’estima à l’abri des oreilles indiscrètes.

— Je craignais de vous manquer, lui fut-il répondu. Et, comme je savais que vous deviez venir à la poste…

— Enfin, te voilà, c’est l’essentiel, interrompit Karl Dragoch. Rien de neuf ?

— Rien.

— Pas même un vulgaire cambriolage dans la région ?

— Ni dans la région, ni ailleurs, le long du Danube s’entend.

— À quand remontent tes dernières nouvelles ?

— Il n’y a pas deux heures que j’ai reçu un télégramme de notre bureau central de Budapest. Calme plat sur toute la ligne.