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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

par le bras, puis, me penchant de manière à n’être entendu que de lui :

« Écoutez !… On parle… et cette voix… c’est la voix de Wilhelm Storitz.

— Wilhelm Storitz ! répondit le chef de police sur le même ton.

— Oui.

— Il ne nous a pas aperçus.

— Non, la nuit égalise les chances et nous rend invisibles comme lui.

Cependant la voix continuait à parvenir jusqu’à nous, indistincte, les voix plutôt, car il y avait sûrement deux interlocuteurs.

— Il n’est pas seul, murmura M. Stepark.

— Non… Son serviteur probablement.

M. Stepark m’entraîna sous le couvert des arbres, en se courbant au ras du sol. Grâce à l’obscurité qui nous protégeait, peut-être pourrions-nous approcher les causeurs d’assez près pour entendre sans être vus.

Bientôt nous étions cachés à dix pas environ de l’endroit où devait se trouver Wilhelm Storitz. Naturellement nous ne vîmes personne, mais nous nous y attendions, et cela ne nous causa aucune déception.

Jamais pareille occasion ne s’était encore offerte de savoir où demeurait notre ennemi depuis l’incendie de sa maison, d’apprendre ce qu’il projetait, voire de s’emparer de sa personne.

Il ne pouvait soupçonner que nous fussions là, l’oreille tendue. À demi-couchés entre les branches, osant à peine respirer, nous écoutions avec une indicible émotion les paroles échangées, plus ou moins distinctes selon que le maître et le serviteur s’éloignaient ou se rapprochaient en se promenant le long du massif.


Voici la première phrase qui nous arriva, prononcée par Wilhelm Storitz :

« Nous pourrons y entrer dès demain ?…