Page:Verne - Le Secret de Wilhelm Storitz, 1910.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

— Nous vous pardonnons en sa faveur, monsieur Vidal, concéda Mme Roderich, puisque enfin vous êtes là et que rien ne retardera plus maintenant le bonheur de ces deux enfants. »

Tout en parlant, Mme Roderich couvait d’un regard attendri sa fille et Marc déjà unis dans son cœur. M. Roderich faisait de même. Quant aux « deux enfants », ils se mangeaient réciproquement des yeux, comme on dit familièrement. Et moi, j’étais tout ému de l’innocent bonheur de cette heureuse famille.

Il ne fut pas question de sortir pendant cette après-midi. Si le docteur dut retourner à ses occupations habituelles, Mme Roderich et sa fille n’avaient aucune affaire qui les attirât au dehors. En leur compagnie, je parcourus l’hôtel et admirai les belles choses qu’il renferme, tableaux et bibelots de choix, dressoirs chargés de vaisselle d’argent de la salle à manger, vieux coffres et vieux bahuts de la galerie.

« Et la tour ? s’écria Myra. M. Vidal s’imagine-t-il que sa première visite s’achèvera sans qu’il soit monté à notre tour ?

— Mais non, mademoiselle Myra, mais non ! répondis-je, il n’y a pas une des lettres de Marc qui ne me parle de cette tour en termes élogieux, et, à vrai dire, je ne suis venu à Ragz que pour y monter.

— Vous le ferez donc sans moi, dit Mme Roderich, car c’est un peu haut.

— Oh ! mère, cent-soixante marches seulement !…

— À ton âge, ça ne fait même pas quatre marches par année, dit le capitaine Haralan. Mais reste, chère mère, nous te retrouverons dans le jardin.

— En route pour le ciel ! » s’écria, Myra.

Elle s’élança, et nous avions peine à la suivre dans sa légère envolée. En deux minutes, nous eûmes atteint le belvédère, puis la terrasse, d’où un panorama superbe s’offrit à nos regards.

Vers l’Ouest, toute la ville et ses faubourgs, que domine la colline de Wolkang, couronnée par le vieux château dont le