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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

donjon s’abrite sous les plis du pavillon hongrois. Vers le Sud, le cours sinueux du Danube, large de cent soixante-quinze toises, sans cesse sillonné par le va-et-vient des embarcations qui le remontent ou le descendent et, au delà, les lointaines montagnes de la province serbienne. Au Nord, la puszta, avec ses bois resserrés comme les massifs d’un parc, ses plaines, ses cultures, ses pâturages, précédée de toute une banlieue de maisons de campagne et de fermes reconnaissables à leurs pigeonniers pointus.

J’étais ravi par cette vue admirable, si variée d’aspects, et qui, par ce beau temps, aux rayons d’un clair soleil, s’étendait jusqu’aux dernières limites de l’horizon.

Mlle Myra crut devoir me donner quelques explications :

« Ceci, dit-elle, c’est le quartier aristocratique, avec ses palais, ses hôtels, ses places, ses statues… De ce côté, en descendant, monsieur Vidal, vous apercevez le quartier commerçant, ses rues pleines de monde, ses marchés… Et le Danube, car il faut toujours en revenir à notre Danube, est-il assez animé en ce moment !… Et l’île Svendor, toute verte, avec ses bosquets et ses prairies en fleurs !… Mon frère n’oubliera pas de vous y conduire.

— Sois tranquille, répondit le capitaine Haralan, je ne ferai pas grâce à M. Vidal d’un seul coin de Ragz.

— Et nos églises, reprit Mlle Myra, voyez-vous nos églises, et leurs clochers pleins de sonneries et de carillons ? Vous entendrez cela le dimanche ! Et notre Maison de Ville, avec sa cour d’honneur entre les deux pavillons, sa haute toiture, ses grandes fenêtres et son beffroi dont la grosse voix sonne les heures !…

— Dès demain, dis-je, elle aura reçu ma visite.

— Eh bien, Monsieur, demanda Mlle Myra en se retournant vers Marc, tandis que je montre la Maison de Ville à votre frère, que regardez-vous donc ?