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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

vieillesse avait déjetés, et dont le tronc, fendu de longues entailles, laissait voir la pourriture intérieure.

Sur la façade, s’ouvrait une porte déteinte par les intempéries, les bises et les neiges de l’hiver, à laquelle on montait par un perron de trois marches délabrées.

Au-dessus du rez-de-chaussée se développait un premier étage, avec toit en grosses pannes et belvédère carré, dont les étroites fenêtres étaient drapées d’épais rideaux.

Il ne semblait pas que cette maison fût habitée, en admettant qu’elle fût habitable.

« À qui appartient cette maison ? demandai-je.

— À un original, me répondit le capitaine Haralan.

— Elle dépare le boulevard, dis-je. La ville devrait l’acheter et la démolir.

— D’autant plus, mon cher Vidal, que, la maison démolie, son propriétaire quitterait sans doute la ville et s’en irait au diable — son plus proche parent, à en croire les commères de Ragz !

— Bah !.. Quel est donc ce remarquable personnage ?

— Un Allemand.

— Un Allemand ?

— Oui, un Prussien.

— Il se nomme ?…

Au moment où le capitaine Haralan allait répondre à ma question, la porte de la maison s’ouvrit. Deux hommes sortirent. Le plus âgé, qui paraissait avoir une soixantaine d’années, resta sur le perron, tandis que l’autre traversait la cour et franchissait la grille.

— Tiens ! murmura le capitaine Haralan, il est donc ici ?… Je le croyais absent…

L’individu, en se retournant, nous aperçut. Connaissait-il le capitaine Haralan ? Je n’en doutai pas, car tous deux échangèrent un regard d’antipathie, auquel je ne pus me tromper.