Mais, de mon côté, je l’avais reconnu, et, lorsqu’il se fut éloigné de quelques pas :
— C’est bien lui, m’écriai-je.
— Vous avez déjà rencontré cet homme ? interrogea le capitaine Haralan, non sans manifester quelque surprise.
— Sans doute, répondis-je, j’ai voyagé avec lui de Buda-Pest à Vukovar sur la Dorothée. Je ne m’attendais guère, je l’avoue, à le retrouver à Ragz.
— Et mieux vaudrait qu’il n’y fût pas ! s’écria le capitaine Haralan.
— Vous ne paraissez pas, dis-je, avoir des rapports agréables avec cet Allemand.
— Qui pourrait en avoir ?… D’ailleurs, moi, j’ai des raisons spéciales d’être en mauvais termes avec lui. Autant vous dire qu’il a eu l’impudence de demander la main de ma sœur. Mais mon père et moi nous avons refusé de façon à lui ôter toute envie de renouveler sa demande…
— Quoi ! c’est cet homme !
— Vous saviez donc ?…
— Oui, mon cher capitaine, et je n’ignore pas que je viens de voir Wilhelm Storitz, le fils d’Otto Storitz, l’illustre chimiste de Spremberg. »