plages. La capture, ou tout au moins l’abattage de ces animaux, n’offre ni difficultés ni périls. Les pêcheurs les tuent d’un coup de bâton lorsqu’ils sont blottis sous le sable des grèves.
Voilà donc les particularités qui différencient la Scandinavie des Falklands, sans parler du nombre infini d’oiseaux qui se levaient à mon approche, des outardes, des cormorans, des grèbes, des cygnes à tête noire, et surtout ces tribus de manchots ou de pingouins, dont on massacre annuellement plusieurs centaines de mille.
Et, un jour, tandis que l’air était rempli de braiements à vous rendre sourd, comme je demandais à un vieux marin de Port-Egmont :
« Est-ce qu’il y a des ânes dans les environs ?…
— Monsieur, me répondit-il, ce ne sont point des ânes que vous entendez, ce sont des pingouins… »
Soit, mais les ânes eux-mêmes s’y tromperaient à entendre braire ces stupides volatiles !
Pendant les journées des 17, 18 et 19 octobre, Jem West fit procéder à un examen très attentif de la coque. Il fut constaté qu’elle n’avait aucunement souffert. L’étrave parut assez solide pour briser les jeunes glaces aux abords de la banquise. On fit à l’étambot plusieurs réparations confortatives, de manière à assurer le jeu du gouvernail sans qu’il risquât d’être démonté par les chocs. La goélette étant gîtée sur tribord et sur bâbord, plusieurs coutures furent étoupées et brayées très soigneusement. Ainsi que la plupart des navires destinés à naviguer dans les mers froides, l’Halbrane n’était point doublée en cuivre, — ce qui est préférable, lorsqu’on doit frôler des ice-fields dont les arêtes aiguës détériorent facilement un carénage. On remplaça un certain nombre des gournables qui liaient le bordé à la membrure, et, sous la direction de Hardie, notre maître-calfat, les maillets « chantèrent » avec un ensemble et une sonorité de bon augure.
Dans l’après-midi du 20, en compagnie de ce vieux marin dont j’ai parlé, — un brave homme très sensible à l’appât d’une piastre arro-