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le sphinx des glaces

Guy, le bosseman, Hunt et moi, nous prîmes direction vers le centre de l’îlot Bennet.

Hunt marchait en tête, toujours silencieux, tandis que j’échangeais quelques mots avec le capitaine Len Guy et le bosseman. On eût véritablement dit qu’il nous servait de guide, et je ne pus retenir certaines observations à cet égard.

Peu importait, après tout. L’essentiel, c’était de ne pas rentrer à bord avant que la reconnaissance fût complète.

Le sol que nous foulions était extrêmement aride. Impropre à toute culture, il n’aurait pu fournir aucune ressource — même à des sauvages.

Comment y aurait-on pu vivre, puisqu’il ne produisait d’autre plante qu’une sorte de raquette épineuse, dont les plus rustiques ruminants ne se fussent pas contentés ? Si William Guy et ses compagnons n’avaient eu d’autre refuge que cet îlot, après la catastrophe de la Jane, la faim les aurait depuis longtemps détruits jusqu’au dernier.

Du médiocre monticule qui s’arrondissait au centre de l’îlot Bennet, nos regards purent l’embrasser dans toute son étendue. Rien… rien nulle part… Mais peut-être avait-il conservé çà et là des empreintes de pied humain, des restes de foyer en cendres, des ruines de cases, — enfin des preuves matérielles que quelques hommes de la Jane y étaient venus ?…

Aussi, désireux de le vérifier, résolûmes-nous de suivre le périmètre du littoral depuis le fond de la petite baie où le canot avait accosté…

En descendant du monticule, Hunt reprit les devants, comme s’il eût été convenu qu’il nous conduirait. Nous le suivions donc, tandis qu’il se dirigeait vers l’extrémité méridionale de l’îlot.

Arrivé à la pointe, Hunt promena son regard autour de lui, se baissa, et montra, au milieu de pierres éparses, une pièce de bois, à demi rongée de pourriture.

« Je me souviens !… m’écriai-je. Arthur Pym parle de cette pièce de