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l’île tsalal.

Ainsi avaient disparu la colline, le village de Klock-Klock, et tout ce qui donnait à l’île Tsalal un aspect surnaturel. À présent, sans doute, le mystère de ces invraisemblables découvertes ne serait jamais révélé à personne !…

Nous n’avions qu’à regagner notre goélette en revenant par l’est du littoral.

Hunt nous fit alors traverser l’emplacement où des hangars avaient été élevés pour la préparation de la biche de mer et dont nous ne vîmes que des débris.

Inutile d’ajouter que le cri tékéli-li ne retentissait point à nos oreilles, — ce cri que poussaient les insulaires et les gigantesques oiseaux noirs de l’espace… Partout, le silence, l’abandon !…

Une dernière halte eut lieu à l’endroit où Arthur Pym et Dirk Peters s’étaient emparés du canot qui les porta vers de plus hautes latitudes… jusqu’à cet horizon de vapeurs sombres, dont les déchirures laissaient apercevoir la grande figure humaine… le géant blanc…

Hunt, les bras croisés, dévorait des yeux l’infinie étendue de mer.

« Eh bien, Hunt ?… » lui dis-je.

Hunt ne parut pas m’entendre, et ne tourna même pas la tête de mon côté.

« Que faisons-nous ici ?… » lui demandai-je en le touchant à l’épaule.

Ma main le fit tressaillir, et il me jeta un regard qui pénétra jusqu’au cœur.

« Allons, Hunt, s’écria Hurliguerly, est-ce que tu vas prendre racine sur ce bout de roche ?… Ne vois-tu pas l’Halbrane qui nous attend au mouillage ?… En route !… Nous déraperons dès demain !… Il n’y a plus rien à faire ici ! »

Il me sembla que les lèvres tremblotantes de Hunt répétaient ce mot « rien », tandis que toute son attitude protestait contre les paroles du bosseman…

Le canot nous ramena à bord.