Quoi qu’il en soit — ce fait était acquis, — jamais Edgar Poe n’avait connu Arthur Pym. C’est pourquoi, voulant laisser au lecteur une incertitude surexcitante, il l’avait fait mourir de cette mort « aussi soudaine que déplorable » dont il n’indiquait ni la nature ni la cause.
Cependant, si Arthur Pym n’était jamais revenu, pouvait-on raisonnablement admettre qu’il n’eût pas succombé à bref délai, après avoir été séparé de son compagnon… qu’il fût encore vivant, bien que onze années se fussent écoulées depuis sa disparition ?…
« Oui… oui ! » répondit Hunt.
Et il l’affirmait avec cette conviction que Dirk Peters avait fait passer dans son âme, alors que tous deux habitaient la bourgade de Vandalia au fond de l’Illinois.
Maintenant, y avait-il lieu de se demander si Hunt possédait toute sa raison ?… N’était-ce pas lui qui, pendant une crise mentale — je n’en doutais plus, — après s’être introduit dans ma cabine, avait murmuré ces mots à mon oreille :
« Et Pym… le pauvre Pym ?… »
Oui !… et je n’avais pas rêvé !…
En résumé, si tout ce que venait de dire Hunt était vrai, s’il n’était que le fidèle rapporteur des secrets que lui avait confiés Dirk Peters, devait-il être cru, lorsqu’il répétait d’une voix à la fois impérieuse et suppliante :
« Pym n’est pas mort !… Pym est là !… Il ne faut pas abandonner le pauvre Pym ! »
Lorsque j’eus fini de procéder à l’interrogatoire de Hunt, le capitaine Len Guy, profondément troublé, sortit enfin de cet état méditatif, et, d’une voix brusque, commanda :
« Tout l’équipage à l’arrière ! »
Lorsque les hommes de la goélette furent réunis autour de lui, il dit :
« Écoute-moi, Hunt, et songe bien à la gravité des demandes que je vais te faire ! »