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Page:Verne - Le Sphinx des Glaces, 1897.djvu/327

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une embardée.

Dirk Peters resta debout.

Comme il ne se pressait pas de prendre la parole, — embarrassé suivant son habitude :

« Que me voulez-vous, Dirk Peters ?… demandai-je.

— Vous dire une chose… Comprenez-moi… monsieur… parce qu’il me paraît bon que vous sachiez… et vous serez seul à savoir !… Dans l’équipage… qu’on ne puisse jamais se douter…

— Si cela est grave, et si vous craignez quelque indiscrétion, Dirk Peters, pourquoi me parler ?…

— Si… il le faut… oui !… il le faut !… Impossible de garder cela !… Ça me pèse… là… là… comme une roche !… »

Et Dirk Peters se battait violemment la poitrine.

Puis, reprenant :

« Oui… j’ai toujours peur que ça m’échappe pendant mon sommeil… et qu’on l’entende… car je rêve de cela… et en rêvant…

— Vous rêvez, répondis-je, et de qui ?…

— De lui… de lui… Aussi… c’est pour cela que je dors dans les coins… tout seul… de peur qu’on apprenne son vrai nom… »

J’eus alors le pressentiment que le métis allait peut-être répondre à une demande que je ne lui avais pas encore faite — demande relative à ce point demeuré obscur dans mon esprit : pourquoi, après avoir quitté l’Illinois, était-il venu vivre aux Falklands sous le nom de Hunt ?

Dès que je lui eus posé cette question :

« Ce n’est pas cela… répliqua-t-il, non… ce n’est pas cela que je veux…

— J’insiste, Dirk Peters, et je désire savoir d’abord pour quelle raison vous n’êtes pas resté en Amérique, pour quelle raison vous avez choisi les Falklands…

— Pour quelle raison… monsieur ?… Parce que je voulais me rapprocher de Pym… de mon pauvre Pym… parce que j’espérais trouver aux Falklands une occasion de m’embarquer sur un baleinier à destination de la mer australe…