Page:Verne - Le Sphinx des Glaces, 1897.djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
338
le sphinx des glaces

— Martin Holt, je suppose, n’est pas homme à écouter les conseils de Hearne, répondis-je, ni à le suivre, s’il tentait de pousser l’équipage à la révolte…

— Non, sans doute, monsieur Jeorling… Cependant cela ne me plaît guère de les voir ensemble… Un particulier dangereux et sans conscience, ce Hearne, et dont Martin Holt ne se méfie peut-être pas assez !…

— Il a tort, bosseman.

— Et… tenez… savez-vous de quoi ils causaient, l’autre jour, dans une conversation dont il m’est arrivé quelques bribes à l’oreille ?…

— Je ne sais jamais les choses qu’après que vous me les avez dites, Hurliguerly.

— Eh bien, tandis qu’ils bavardaient sur le pont de l’Halbrane, je les ai entendus parler de Dirk Peters, et Hearne disait : « Il ne faut pas en vouloir au métis, maître Holt, de ce qu’il n’a jamais voulu répondre à vos avances à recevoir vos remerciements… Si ce n’est qu’une sorte de brute, il possède un grand courage, et il l’a prouvé en vous tirant d’une mauvaise passe au péril de sa vie… Au surplus, n’oubliez pas qu’il faisait partie de l’équipage du Grampus, dont votre frère Ned, si je ne me trompe… »

— Il a dit cela, bosseman ?… me suis-je écrié. Il a nommé le Grampus ?…

— Oui… le Grampus.

— Et Ned Holt ?…

— Précisément, monsieur Jeorling !

— Et qu’a répondu Martin Holt ?…

— Il a répondu : « Mon malheureux frère, je ne sais même pas dans quelles conditions il a péri !… Est-ce pendant une révolte à bord ? En brave qu’il était, il n’a pas dû trahir son capitaine, et peut-être a-t-il été massacré ?… »

— Est-ce que Hearne a insisté, bosseman ?…

— Oui… en ajoutant : « C’est chose triste pour vous, maître Holt !…