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Page:Verne - Le Sphinx des Glaces, 1897.djvu/388

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le sphinx des glaces

pas… Quand on l’est, on en profite, et je saurai bien vous garder une petite place devant ma grille…

— C’est bon… c’est bon… Endicott !… Chacun aura son tour… Pas de privilège, même pour un bosseman… Il n’y en a que pour toi, sous prétexte que tu es préposé aux manipulations de la soupe… Somme toute, mieux vaut n’avoir point à craindre la famine… Le froid, cela peut se combattre et se supporter… On creusera des trous dans l’ice-berg… on s’y blottira… Et pourquoi n’habiterions-nous pas une demeure commune… une grotte qu’on se fabriquerait à coups de pioche ?… Je me suis laissé dire que la glace conserve la chaleur… Eh bien, qu’elle conserve la nôtre, je ne lui en demande pas davantage ! »

L’heure était venue de regagner le campement et de s’étendre sur les couchettes.

Dirk Peters, à son refus d’être relevé de faction, était resté à la garde du canot, et personne ne songea à lui disputer ce poste.

Le capitaine Len Guy et Jem West ne rentrèrent pas sous les tentes avant de s’être assurés que Hearne et ses camarades avaient repris leur place habituelle.

Je revins à mon tour, et me couchai.

Combien de temps avais-je dormi, je n’aurais pu le dire, ni quelle heure il était, lorsque je roulai sur le sol à la suite d’une violente secousse.

Que se passait-il donc ? Était-ce une nouvelle culbute de l’ice-berg ?…

Nous fûmes tous debout en une seconde, puis hors des tentes en pleine clarté de cette nuit polaire.

Une autre masse flottante, d’énorme dimension, venait de heurter notre ice-berg, qui avait « levé l’ancre » comme disent les marins, et dérivait vers le sud.