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le sphinx des glaces

droit d’affirmer que cette action n’a aucune influence sur l’aiguille aimantée.

J’ajoute que depuis que nous avions laissé le pôle Sud en arrière, aucune confiance ne pouvait plus être accordée aux indications du compas, qui s’affolait aux approches du pôle magnétique vers lequel nous marchions sans doute. Donc, rien ne permettait de déterminer la direction de l’ice-berg.

À neuf heures du soir, ces parages furent plongés dans une assez profonde obscurité, bien que le soleil, à cette époque, ne descendît pas encore sous l’horizon.

Le capitaine Len Guy, voulant s’assurer que les hommes étaient rentrés au campement et prévenir ainsi toute imprudence de leur part, fit l’appel.

Chacun, après avoir répondu à son nom, vint prendre sa place sous les tentes, où les fanaux embrumés ne donnaient que peu ou pas de lumière.

Lorsque son nom fut prononcé, puis jeté à plusieurs reprises par la voix éclatante du bosseman, le métis fut le seul à ne pas répondre à cet appel.

Hurliguerly attendit quelques minutes…

Dirk Peters ne parut pas.

Était-il donc resté près du canot, c’était probable, mais inutile, car notre embarcation ne risquait pas d’être enlevée par ce temps de brouillard.

« Est-ce que personne n’a vu Dirk Peters de la journée ?… demanda le capitaine Len Guy.

— Personne, répondit le bosseman.

— Pas même au dîner de midi ?…

— Pas même, capitaine, et, cependant, il ne devait plus avoir de provisions.

— Lui serait-il donc arrivé malheur ?…

— N’ayez crainte ! s’écria le bosseman. Ici, Dirk Peters est dans son élément, et ne doit pas être plus embarrassé au milieu des brumes qu’un