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le sphinx des glaces

ses camarades, paraissait plus rassuré au sujet de leurs dispositions actuelles.

Dans tous les cas, il ne fallait pas tarder à prendre une décision relativement au départ, — s’il devait avoir lieu, — de ceux qui seraient désignés par le sort. En effet, nous étions au 10 février. Encore un mois ou six semaines, la campagne de pêche serait terminée dans le voisinage du cercle antarctique. Or, s’il n’y rencontrait plus les baleiniers, en admettant qu’il eût heureusement franchi la banquise et le cercle polaire, notre canot n’aurait pu affronter le Pacifique jusqu’aux rivages de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande.

Ce soir-là, après avoir réuni tout son monde, le capitaine Len Guy déclara que la question serait discutée le lendemain, ajoutant que, si elle était résolue d’une manière affirmative, le sort serait immédiatement consulté.

Cette proposition n’amena aucune réponse, et, à mon avis, on n’aurait de sérieuse discussion que pour décider si, oui ou non, le départ s’effectuerait.

Il était tard. Une demi-obscurité régnait au-dehors, car, à cette date, le soleil se traînait déjà au ras de l’horizon, sous lequel il allait bientôt disparaître.

Je m’étais jeté sur ma couchette tout habillé, et je dormais depuis plusieurs heures, lorsque je fus réveillé par des cris qui éclatèrent à petite distance.

D’un bond, je me relevai, et m’élançai hors de la caverne en même temps que le lieutenant et le capitaine Len Guy, tirés comme moi de leur sommeil.

« Le canot… le canot !… » s’écria tout à coup Jem West.

Le canot n’était plus à sa place, à l’endroit où le gardait Dirk Peters.

Après l’avoir lancé à la mer, trois hommes s’y étaient embarqués avec des fûts et des caisses, tandis que dix autres essayaient de maîtriser le métis.