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Page:Verne - Le Sphinx des Glaces, 1897.djvu/440

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le sphinx des glaces

conduits jusqu’à cette côte, il dut reconnaître qu’il n’y existait aucune trace d’un débarquement.

Une de nos excursions nous amena environ à quatre milles au pied d’une montagne d’accès pas difficile, grâce à la longue obliquité de ses pentes, et dont l’altitude mesurait de six à sept cents toises.

De cette excursion que firent le capitaine Len Guy, le lieutenant, le matelot Francis et moi, il ne résulta aucune découverte. Vers le nord et vers l’ouest se déroulait la même succession de collines dénudées, capricieusement découpées à leur cime, et, lorsqu’elles disparaîtraient sous l’immense tapis de neige, il serait difficile de les distinguer des ice-bergs immobilisés par le froid à la surface de la mer.

Cependant, à propos de ce que nous avions pris pour des apparences de terre à l’est, nous eûmes à constater qu’en cette direction s’étendait une côte dont les hauteurs, éclairées par le soleil de l’après-midi, apparurent assez nettement dans l’objectif de la longue-vue marine.

Était-ce un continent qui bordait ce côté du détroit, n’était-ce qu’une île ?… Dans tous les cas, l’un ou l’autre devaient être frappés de stérilité comme la terre de l’ouest, et, comme elle, inhabités, inhabitables.

Et lorsque mes pensées revenaient à l’île Tsalal, dont le sol possédait une puissance de végétation si extraordinaire, lorsque je me reportais aux descriptions d’Arthur Pym, je ne savais qu’imaginer. Évidemment, cette désolation dont s’affligeaient nos regards reproduisait mieux l’idée que l’on se fait des régions australes. Pourtant, l’archipel tsalalais, situé presque à la même latitude, était fertile et populeux, avant que le tremblement de terre l’eût détruit en presque totalité.

Le capitaine Len Guy, ce jour-là, fit la proposition de dénommer géographiquement cette contrée sur laquelle nous avait jetés l’ice-berg. Elle fut appelée Halbrane-Land, en souvenir de notre goélette.