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RELÂCHE AU VILLAGE D’ATURES.

Un regard du jeune garçon à Jacques Helloch signifia que mieux valait ne pas contrarier le sergent Martial, même en lui faisant des offres obligeantes.

La petite troupe prit donc congé des mariniers chargés de remorquer les falcas à travers les remous de ce rapide. Les patrons Valdez, Martos et Parchal promirent de ne pas perdre une heure, et l’on pouvait se fier à leur zèle.

Les passagers quittèrent Puerto-Real vers onze heures et demie du matin.

Il n’était pas nécessaire d’aller d’« un bon pas », ainsi que le sergent Martial se disait prêt à le faire. Comme Jacques Helloch et ses compagnons avaient eu la précaution de déjeuner, ils pouvaient atteindre le village d’Atures sans hâter leur marche, et y arriver avant l’heure du dîner.

La route, ou plutôt le sentier, longeait la rive droite du fleuve. Cela dispenserait de le traverser, puisque le village est situé sur cette rive. À gauche se dressait le talus très à pic des cerros, dont la chaîne se continue jusqu’en amont des raudals. Parfois, le passage suffisait à peine pour une seule personne, et la petite troupe marchait en file.

Les Guahibos tenaient la tête, à quelques pas. Après eux venaient M. Miguel et ses deux collègues. Suivaient Jacques Helloch, Jean de Kermor et le sergent Martial. Germain Paterne formait l’arrière-garde.

Lorsque la largeur de la berge le permettait, on marchait par trois ou par deux. Le jeune garçon, le sergent Martial, Jacques Helloch se trouvaient alors sur la même ligne.

Décidément, Jacques Helloch et Jean étaient devenus une paire d’amis, et à moins d’être un vieil entêté, toujours geignant, comment voir cela d’un mauvais œil ?…

Entre-temps, Germain Paterne, sa précieuse boîte au dos, s’arrêtait, lorsque quelque plante sollicitait sa curiosité. Ses compagnons, qui le devançaient, lui adressaient des rappels énergiques, auxquels il ne se hâtait pas d’obéir.