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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

Chasser dans ces conditions, inutile d’y songer, si l’occasion ne se présentait pas de remonter sur une centaine de pieds les étroites gorges des cerros.

C’est même ce qui arriva, à l’extrême satisfaction de M. Miguel, mais au grand dommage d’un singe aluate, — le premier qu’il eût la bonne chance d’abattre.

« Mes compliments, monsieur Miguel, mes compliments ! cria Jacques Helloch, lorsque l’un des Guahibos, qui s’était détaché, rapporta la bête en question.

— Je les accepte, monsieur Helloch, et je vous promets que la peau de cet animal figurera à notre retour au musée d’Histoire naturelle, avec cette inscription : « Tué de la main de M. Miguel, membre de la Société de Géographie de Ciudad-Bolivar ».

— Et ce sera justice, ajouta M. Felipe.

— Pauvre bête ! fit Jean, en considérant l’aluate étendu sur le sol, le cœur traversé d’une balle.

— Pauvre… mais excellente à manger… dit-on… répliqua Germain Paterne.

— En effet, monsieur, affirma M. Varinas, et vous pourrez tous en juger ce soir, lorsque nous serons à Atures. Ce singe formera la principale pièce de notre prochain dîner…

— Ne sera-ce pas presque de l’anthropophagie ?… fit observer en plaisantant Jacques Helloch.

— Oh ! monsieur Helloch !… répondit Jean. Entre un singe et un homme…

— Bah ! la différence n’est pas déjà si grande, mon cher Jean !… N’est-il pas vrai, sergent ?…

— En effet… tous les deux s’entendent en grimaces ! » répondit le sergent Martial, et il le prouvait bien en ce moment.

Quant au gibier de plume, il ne manquait pas, des canards, des ramiers, d’autres oiseaux aquatiques en grand nombre, et surtout de ces pavas qui sont des poules à large envergure.

Toutefois, s’il eût été facile de démonter ces volatiles, il eût été difficile d’en prendre pos-