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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/307

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BŒUFS ET GYMNOTES.

— Eh bien… Jean… mon cher Jean… comme je dois vous appeler… ne parlons plus de séparation… et en route ! »

Le cœur lui battait bien fort à ce « cher Jean », tandis qu’il regagnait la Gallinetta ! Et, lorsque Jacques Helloch eut rejoint son ami, qui souriait :

« Je parie, lui dit ce dernier, que Mlle de Kermor te remerciait de ce que tu as fait pour elle, et te demandait de ne pas faire davantage…

— Mais j’ai refusé… s’écria Jacques Helloch. Je ne l’abandonnerai jamais…

— Parbleu ! » répondit simplement Germain Paterne en frappant sur l’épaule de son compatriote.

Que cette dernière partie du voyage réservât de graves complications aux passagers des deux pirogues, c’était possible, c’était probable. Toutefois, ils auraient eu mauvaise grâce à se plaindre. Les brises de l’ouest se maintenaient avec persistance, et les falcas rebroussaient assez rapidement le courant du fleuve sous leur voilure.

Ce jour-là, après avoir dépassé plusieurs îles, dont le vent courbait les hauts arbres, on atteignit vers le soir l’île Bayanon, à un coude de l’Orénoque. Les provisions abondant, grâce à la générosité de M. Manuel Assomption et de ses fils, il n’y eut point à se mettre en chasse. Aussi, comme la nuit était claire, magnifiquement illuminée des rayons de la lune, Parchal et Valdez proposèrent de ne faire halte que le lendemain.

« Si le cours du fleuve est libre de récifs et de roches, répondit Jacques Helloch, et si vous ne craignez pas de vous jeter sur quelque caillou…

— Non, dit le patron Valdez, et il faut profiter de ce beau temps pour gagner en amont. Il est rare que l’on soit aussi favorisé à cette époque. »

La proposition était sage, elle fut adoptée, et les pirogues n’envoyèrent pas leurs amarres à terre.