Aller au contenu

Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
292
LE SUPERBE ORÉNOQUE.

dans le pays comme un funeste présage, avant-coureur de catastrophes.

Aussi longtemps que les Mariquitares seront les Mariquitares, ce phénomène sera pour eux l’indication d’une série d’heureux événements.

Ces deux tribus indiennes ont donc une façon très opposée d’envisager les pronostics de leur prophétique montagne. Mais, qu’elles aient raison l’une ou l’autre, il est certain que le voisinage du Duido n’a pas porté bonheur au village de la Esmeralda.

On ne trouverait guère de plus agréable situation dans les savanes contiguës à l’Orénoque, des pâturages mieux appropriés à l’élevage du bétail, un meilleur climat qui ne connaît pas les excès de la température tropicale. Et, pourtant, la Esmeralda est en un triste état d’abandon et de déchéance. À peine reste-t-il, de l’ancien village fondé par les colons espagnols, les ruines d’une petite église et cinq à six paillotes, qui ne sont occupées que temporairement aux époques de chasse et de pêche.

Lorsque la Gallinetta et la Moriche arrivèrent, elles ne rencontrèrent pas une seule embarcation dans le port.

Et qui en a chassé les Indiens ?… Ce sont ces légions de moustiques, qui rendent l’endroit inhabitable, ces myriades d’insectes, dont les flammes du Duido seraient impuissantes à détruire la race maudite.

Et les falcas en furent tellement assaillies, les moustiquaires devinrent tellement insuffisantes, passagers et bateliers reçurent de telles morsures, — même le neveu du sergent Martial, son oncle n’étant pas parvenu à le protéger cette fois, — que Parchal et Valdez démarrèrent avant le jour à l’aide des palancas, en attendant la brise matinale. Cette brise ne commença à s’établir que vers six heures, et les pirogues, deux heures après, dépassaient l’embouchure de l’Iguapo, un des affluents de la rive droite.

Jacques Helloch ne songea pas plus à explorer l’Iguapo qu’il