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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

— Est-ce le sergent Martial qui se serait mis en chasse après votre départ ?…

— Je ne le pense pas…

— Est-ce donc l’Indien à qui appartient, sans doute, cette case ?…

— Voyons d’abord si elle était habitée… » répondit le patron de la Gallinetta.

Tous deux — ils étaient sortis de quelques pas, lorsque la détonation avait retenti — rentrèrent dans la paillote.

Intérieur aussi misérable que l’extérieur. De meubles point. Au fond, sur le sol de terre, une litière d’herbe qui avait été récemment foulée. Plusieurs calebasses rangées au bas du mur. Dans un angle, un canastero contenant un restant de cassave, un morceau de pécari pendu à l’une des perches de la toiture. En tas, deux ou trois douzaines de fourmis bachacos et de comejens rôtis, dont les Indiens Bravos font leur nourriture. Enfin, sur une pierre plate, un foyer où brûlait encore un tison d’où suintait une fumée lourde.

« Le propriétaire de cette case, fit observer Valdez, devait être là… avant notre arrivée…

— Et il ne peut être loin, ajouta Jacques Helloch, et c’est sans doute lui qui a tiré ?… »

Valdez secoua la tête.

« Ces Indiens n’ont ni fusils ni pistolets, dit-il. Un arc, des flèches, une sarbacane, c’est tout.

— Il faut pourtant savoir… » s’écria Jacques Helloch, qui, repris de ses inquiétudes, se demandait si les Quivas d’Alfaniz n’erraient pas aux environs.

Et alors, de quels dangers seraient menacés les voyageurs campés au pic Maunoir ! Et, lorsqu’ils seraient en marche vers Santa-Juana, à quelles agressions devaient-ils s’attendre !…

Jacques Helloch et Valdez sortirent de la paillote, leurs armes en état, et, se dissimulant derrière les arbres et les taillis, ils cheminèrent dans la direction du coup de feu.