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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/357

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LE JEUNE INDIEN.

La case qu’ils venaient de quitter n’appartenait pas même à un sitio. Nulle part, aux alentours, trace de défrichement ou de culture, pas un plant de légumes, pas d’arbres fruitiers, pas un herbage pour le bétail.

Jacques Helloch et Valdez, prêtant l’oreille, l’œil aux aguets, s’avançaient à petits pas.

Aucun bruit autre que le cri des hoccos et le sifflement des pavas, égarés sous les ramures, ou le frôlement d’un animal sauvage secouant le rideau des broussailles.

Depuis vingt minutes, ils allaient ainsi, se demandant s’il ne convenait pas de revenir à la paillote, puis de là au campement, lorsqu’ils crurent entendre des gémissements à courte distance.

Valdez fit signe de se courber sur le sol, — non pour mieux entendre, mais pour n’être point vus, avant que le moment fût venu de se montrer.

Au-delà d’un buisson de calebassiers nains s’ouvrait une clairière où les rayons de soleil pénétraient à flots.

En écartant les branches du buisson, Valdez put observer cette clairière sur toute son étendue, et il reconnut que les gémissements venaient de ce côté.

Jacques Helloch, accroupi près de lui, le doigt à la détente de sa carabine, regardait à travers les branches.

« Là… là ! » dit enfin Valdez.

Tant de précautions n’étaient pas nécessaires, — en cet instant du moins. On ne distinguait, à l’autre extrémité de la clairière, au pied d’un palmier moriche, que deux individus.

L’un gisait sur le sol, immobile, comme s’il eût été endormi ou plutôt comme si la mort l’eût couché à cette place.

L’autre, agenouillé, lui relevait la tête et poussait ces gémissements dont on comprit alors la cause.

Il n’y avait aucun danger à s’approcher de ces Indiens, et le devoir s’imposait de leur porter secours.

Ce n’étaient point de ces Bravos, errants ou sédentaires, qui se