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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/358

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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

rencontrent sur les territoires du haut Orénoque. Valdez reconnut à leur type qu’ils appartenaient à cette race des Banivas, dont il était lui-même.

L’un, — celui qui ne donnait plus signe de vie, — paraissait être un homme d’une cinquantaine d’années, l’autre un jeune garçon âgé de treize ans.

Jacques Helloch et Valdez tournèrent le buisson et se montrèrent à dix pas.

Aussitôt qu’il aperçut les deux étrangers, le jeune Indien se releva.

L’effroi peint sur sa figure, il hésita un instant. Puis, après avoir une dernière fois soulevé la tête de l’homme tombé au pied de l’arbre, il s’enfuit, sans que le geste amical que lui adressait Valdez eût pu le retenir.

Tous deux coururent vers l’homme, ils se penchèrent sur lui, ils le redressèrent, ils écoutèrent sa respiration, ils mirent la main sur son cœur…

Le cœur ne battait plus. Aucun souffle de respiration n’entrouvrait ses lèvres décolorées.

L’Indien était mort, — mort depuis un quart d’heure à peine, car son corps ne présentait ni la froideur ni la raideur cadavérique. Sous son guayuco, taché de sang, on voyait sa poitrine trouée d’une balle à la hauteur des poumons.

Valdez examina le sol et, entre les herbes rougies, il ramassa un projectile.

C’était la balle d’un revolver du calibre de six millimètres et demi.

« Le calibre de ceux qui sont à bord de la Gallinetta, fit observer Jacques Helloch… ceux de la Moriche ont huit millimètres… Est-ce que ?… »

Et sa pensée se porta sur Jorrès.

« Il faudrait tâcher, dit-il, de ramener l’enfant… Lui seul peut nous apprendre dans quelles conditions cet Indien a été frappé, et peut-être quel est son assassin…