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LE JEUNE INDIEN.

— Je ne sais pas, répondit l’enfant.

— Et tu as entendu dire qu’ils s’étaient montrés sur le territoire ?…

— Non.

— Mais… les as-tu rencontrés… autrefois ?…

— Oui… oui ! »

Et les yeux du jeune Indien, dont les traits respiraient l’effroi, se mouillèrent de nouvelles larmes.

Valdez l’ayant pressé de questions, il raconta que ces Quivas et leur chef avaient surpris le village de San-Salvador, où demeurait sa famille, dans le nord de la sierra Parima, qu’ils en avaient massacré tous les habitants, que sa mère avait été tuée, que son père et lui, ayant pu parvenir à se sauver, s’étaient réfugiés dans cette forêt, qu’ils avaient bâti cette case, où ils vivaient depuis dix mois environ…

Quant à la présence des Quivas dans le pays, Gomo ne pouvait donner aucun renseignement. Son père et lui ne savaient pas s’ils avaient été signalés aux environs de l’Orénoque.

« Et cet Espagnol, qui est venu la nuit dans ta case, vous a demandé des informations là-dessus ?… reprit Valdez.

— Oui… et il s’est mis en colère, parce que nous n’avions pas pu lui répondre.

— Et il est resté ?…

— Jusqu’au matin.

— Et alors ?…

— Il a voulu que mon père lui servît de guide pour le conduire du côté de la sierra.

— Ton père a consenti ?…

— Il a refusé, parce que cet homme ne lui donnait pas confiance.

— Et cet homme ?…

— Il est parti seul, au jour, quand il a vu que nous ne voulions pas le conduire.

— Il est donc revenu ?…

— Oui… environ quatre heures après.