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Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/381

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À TRAVERS LA SIERRA.

Les premières lueurs, après avoir contourné les lointaines cimes de l’horizon, arrivaient en ce moment jusqu’au lit du Torrida. Valdez put donc être affirmatif en ce qui concernait l’homme aperçu sur la berge opposée.

« Ce sont les Quivas d’Alfaniz… dit Jacques Helloch. Eux seuls ont intérêt à s’assurer si nous sommes ou non accompagnés de tous les mariniers des pirogues…

— Et cela eût mieux valu, répondit le patron de la Gallinetta.

— Sans doute, Valdez… mais à moins d’aller à l’Orénoque chercher du renfort… Non… si nous avons été reconnus, il n’est plus temps d’envoyer un de nos hommes au campement… Nous serons attaqués avant d’avoir reçu des secours… »

Valdez saisit vivement le bras de Jacques Helloch, qui se tut aussitôt.

Un peu plus de jour éclairait les rives du Torrida, tandis que l’anfractuosité, au fond de laquelle dormaient Jean, Gomo, le sergent Martial, Germain Paterne et le second porteur, s’enveloppait encore d’une profonde obscurité.

« Je crois… dit alors Valdez, je crois reconnaître… oui !… mes yeux sont bons… ils ne peuvent me tromper !… Je reconnais cet homme… C’est l’Espagnol…

— Jorrès !

— Lui-même.

— Il ne sera pas dit que je l’aurai laissé échapper, ce misérable !…

Jacques Helloch venait de saisir sa carabine, placée près de lui contre une roche, et, d’un rapide mouvement, il la mit à son épaule.

« Non… non ! fit Valdez… Ce ne serait qu’un de moins, et il y en a peut-être des centaines sous les arbres… D’ailleurs, il leur est impossible de franchir le rio…

— Ici… non… mais en amont… qui sait ?… »

Cependant Jacques Helloch se rendit à l’avis de Valdez avec d’au-