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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

tant plus de raison que le patron de la Gallinetta était de bon conseil, et possédait les remarquables qualités de finesse et de prudence des Banivas.

D’ailleurs, Jorrès, — si c’était lui, — dans son désir d’observer de plus près le campement, eût risqué d’être aperçu lui-même. Aussi venait-il de rentrer sous les arbres, au moment où le marinier, posté près du Torrida, s’avançait comme s’il eût aperçu quelque chose.

Pendant un quart d’heure, Jacques Helloch et Valdez demeurèrent à la même place, sans faire un mouvement.

Ni Jorrès ni aucun autre ne se montrèrent sur la rive opposée. Rien ne passait à la lisière de ces massifs d’arbres, qui commençaient à se dégager de l’ombre.

Mais avec le jour croissant, l’Espagnol, — en admettant que Valdez ne se fût pas trompé, — allait pouvoir reconnaître que deux mariniers seulement accompagnaient les passagers des pirogues, et constater l’infériorité de cette petite troupe.

Or, comment continuer le voyage dans des conditions de sécurité si insuffisantes ?… On avait été découvert… on était épié… Jorrès venait de retrouver Jacques Helloch et ses compagnons en marche vers la Mission de Santa-Juana… Il ne perdrait plus maintenant leurs traces…

Conjonctures d’une extrême gravité, et ce qui était plus grave encore, c’est que l’Espagnol avait certainement rejoint la bande des Quivas, qui parcourait ces territoires sous les ordres du forçat Alfaniz.