nérât pas en dispute, et, plus d’une fois, il dut l’aiguiller fort à propos sur un autre sujet.
Et, à un certain moment où les voix de MM. Felipe et Varinas prenaient une intensité provocante, il sut opérer une diversion en disant :
« Savez-vous, messieurs, si, parmi les passagers du Simon-Bolivar, il en est qui remonteront l’Orénoque jusqu’à son cours supérieur ?…
— Nous l’ignorons, répondit M. Miguel. Cependant il semble bien que le plus grand nombre compte soit s’arrêter à Caïcara, soit continuer par l’Apure jusqu’aux bourgades de la Colombie…
— À moins que ces deux Français ne se dirigent vers le haut Orénoque, fit observer M. Varinas.
— Deux Français ?… demanda le gouverneur.
— Oui, répondit M. Felipe, un vieux et un jeune, qui se sont embarqués à Bolivar.
— Où vont-ils ?…
— Personne ne le sait, répondit M. Miguel, car ils ne sont pas précisément communicatifs. Lorsque l’on veut entrer en conversation avec le jeune, le vieux, qui a toute l’apparence d’un ancien soldat, intervient d’un air furibond, et si l’on persiste, il envoie brutalement son neveu, — car il paraît que c’est son neveu, — réintégrer sa cabine… C’est un oncle qui a des façons de tuteur…
— Et je plains le pauvre garçon qu’il a sous sa tutelle, répliqua M. Varinas, car il souffre de ces brutalités, et, plus d’une fois, j’ai cru voir des larmes dans ses yeux… »
Vraiment, cet excellent M. Varinas avait vu cela !… Dans tous les cas, si les yeux de Jean sont quelquefois humides, c’est parce qu’il songe à l’avenir, au but qu’il poursuit, aux déceptions qui l’attendent peut-être, et non parce que le sergent Martial le traite avec trop de dureté. Après tout, des étrangers pouvaient s’y méprendre.
« Enfin, reprit M. Miguel, nous serons fixés, ce soir même, sur le point de savoir si ces deux Français ont l’intention de remonter l’Oré-