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Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/182

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le testament d’un excentrique

« Combien ?…

— Peut-être sept à huit.

— Sept à huit !…

— Et à la condition que le sujet ne s’expose pas à des courants d’air.

— Sept ou huit jours !… répétait la malheureuse Jovita Foley en se tordant les mains.

— Et encore… s’il ne survient pas de complications graves ! »

La nuit ne fut pas très bonne. La fièvre reparut, — un accès qui dura jusqu’au matin et provoqua une abondante transpiration. Toutefois le mal de gorge avait diminué, et l’expectoration commençait à se rétablir sans grands efforts.

Jovita Foley ne se coucha pas. Ces interminables heures, elle les passa au chevet de sa pauvre amie. Quelle garde-malade aurait pu la valoir pour les soins, les attentions, le zèle ? D’ailleurs, elle n’eût cédé sa place à personne.

Le lendemain, après quelques moments de malaise et d’agitation matinale, Lissy Wag se rendormit.

On était au 9 mai, et le cinquième coup du match Hypperbone allait être joué dans la salle de l’Auditorium.

Jovita Foley aurait donné dix ans de sa vie pour être là. Mais quitter la malade… non… il n’y fallait pas songer. Seulement, il arriva ceci : c’est que Lissy Wag ne tarda pas à se réveiller, elle appela sa compagne et lui dit :

« Ma bonne Jovita, prie notre voisine de venir te remplacer près de moi…

— Tu veux que…

— Je veux que tu ailles à l’Auditorium… C’est pour huit heures… n’est-ce pas ?…

— Oui… huit heures.

— Eh bien… tu seras revenue vingt minutes après… J’aime mieux te savoir là… et, puisque tu crois à ma chance… »

Si j’y crois ! se fût écriée Jovita Foley trois jours avant. Mais, ce jour-là, elle ne répondit pas. Elle mit un baiser sur le front de la